De 2022 à 2023

Ouf, 2022 est achevé. Annus horribilis, s’il en est ! Entre table de billard chirurgicale, suite et presque fin du covid, 3ème guerre mondiale déclenchée par procuration, si je puis dire, départ pour d’autres lieux plus en hauteur (du moins on l’espère !) de Julos Beaucarne, de Philippe Jacottet, de Christian Bobin, de Jean Charles (radio romande), de deux potes de syndicat et surtout de mon pote Bubu-dit-Michel Bühler ; oui ras-le-bol de 2022 !!

De Bubu, parlons-en.

Depuis 1969 où Jean Charles, Franck Musy ou Emile Gardaz te diffusaient à la radio, puis tes concerts donnés un peu partout sur la planète, parfois avec Gilles Vigneault, je me suis tellement souvent identifié à tes coups de gueule, à tes coups de cœur, a ta belle écriture poétique ou virulente…

Bubu, un de mes meilleurs souvenirs remonte à l’an 2000, en automne, lorsque nous fûmes ensemble à chanter et poétiser dans Ch’Nord, à Loos-en-Gohelle, à Beuvry. C’est entre ces deux lieux, chez mes amis Arlette et Francis que tu jetas les premiers mots des Beaux Lourdauds et nous les soumis. On nous fit visiter Vimy et autres lieux des années 1914-1918, et là je vis combien tu étais sensible…

Nous ne nous voyions pas souvent, mais quand même, c’est là que tu me remontais souvent le moral, moi qui doutais tout le temps de l’utilité de la poésie. En fait on se soutenait dans la Résistance, par nos mots, par tes musiques, tes poèmes et tes chansons, par mes propres mots… Je me sentais un peu frangin ou pote en poésie. Et je me sens toujours ainsi, même si tu est ailleurs.

Tu étais du genre taiseux, c’est-à-dire que tu ne parlais jamais pour rien dire. Mais tout de toi respirait l’écoute, la tendresse, la bonté ; mais aussi tes belles colères. Gens qui me lisez, écoutez ses colères, mais aussi ses histoires des gens rencontrés à Sainte-Croix comme à Paris, en Haïti comme dans le Gros-de-Vaud, au Chili comme à Médières ; quant à ses chansons d’amour ou ses Matins d’Automne, Le Pays qui dort, C’est écrit, Si le temps, et tant d’autres, comment te dire ? Oui, j’aurais bien voulu les écrire, ne serait-ce que — dans Le Pays qui dort — ce magnifique vers : « Je dirai les souliers qui rentrent des labours ». Oui, Bubu, tu es un sacré poète ! Et un poète capable de colères, c’est encore mieux ! C’est un poète qui le dit !

Un seul mot encore, pour te dire : la fidélité. A tes combats, à tes convictions, à ta compagne, à tes amis, aux Sainte-Crix, à toi.

Nous sommes orphelins d’un homme qui est notre conscience.

Du reste du monde, parlons-en un tout petit peu… Pour dire que ta chanson L’Espoir est fabuleuse, en espérant que tu aies raison. Mais là, j’ai besoin d’un coup de main de ta part ; le monde me fait de plus en plus peur ; pas tant pour moi, mais pour nos enfants et petits-enfants. Alors oui, de la Rue du Repos, où tu résides maintenant, tâche de nous donner ce coup de main, cet espoir, voire cette espérance. J’ai — nous avons — besoin de … ta présence.

Merci Michel, merci Bubu.

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